L’analyse vidéo et les joueurs – Partie 1
Quels rapports ont les joueurs avec la vidéo ?
Quels rapports ont les joueurs avec la vidéo ?
On ne traitera dans cet article que les problématiques liées au monde amateur.
Pour parler de ce sujet, je commencerai par faire un parallèle avec la préparation physique. En effet, Il y a quelques années, lorsqu’un entraineur organisait une séance de préparation physique, tous les joueurs n’étaient pas persuadés de l’intérêt de faire cette séance pour lui ou pour le groupe. Aujourd’hui, même si certains rechignent à faire ces séances, le plus grand nombre est persuadé que la préparation physique est un passage obligé pour être performant que l’on joue en Top 14 ou en 4ème série.
Dans l’analyse vidéo, on retrouve un peu cette tendance. Aujourd’hui de plus en plus d’entraineurs sont persuadés de l’intérêt de faire de l’analyse vidéo et de la valeur ajoutée que cela peut avoir sur la performance collective ou individuelle. Côté joueurs, il y a encore un travail d’éducation à réaliser pour que le plus grand nombre intègrent l’analyse vidéo comme un outil de développement personnel ou collectif au même titre que la préparation physique. Plus ce travail est réalisé tôt dans les catégories jeunes, plus les joueurs optimisent par la suite le temps passé pendant ces séances vidéos ou visionnages de clips.
L’autre élément en prendre en compte est le contenu des séances et le comportement du joueur pendant ces séances. Là encore je ferais un parallèle avec la préparation physique. Je ne suis pas un spécialiste du domaine, mais le contenu des séances proposées il y a quelques années est aujourd’hui très différent de ce qui est proposé. Et cela pour plusieurs raisons: meilleures connaissances du domaine, du recul par rapport aux programmes déjà effectués et l’évolution technologique. De plus l’éducation de nos joueurs aux appareils de musculations en autre, fait que ceux-ci ont de plus en plus d’autonomie pour les utiliser et ainsi pouvoir capitaliser sur le temps passé dans ces séances .
Justement dans l’analyse vidéo, on voit bien les tendances dans le monde professionnel, où les joueurs suivant leurs nationalités, leur éducation rugbystique ou culturelle, est en capacité d’être autonome voir pro-actif par rapport à la vidéo. Le joueur, quelque-soi son niveau, ne doit pas être juste un consommateur de la vidéo. Pour cela, l’entraineur doit être en capacité de pouvoir mettre le joueur en situation de pouvoir réagir ou d’être force de proposition. L’autre élément en prendre en compte dans le rugby amateur, est le peu de temps dont disposent les entraineurs pour réaliser ces séances dans l’organisation des semaines (avec souvent des créneaux disponibles pour faire ces séances en fin de semaine)
Une des solutions pour pouvoir répondre à ces 2 problématiques est la mise à disposition de la vidéo sur une plateforme internet de type Youtube (en mode privé), Google Drive… ou des plateformes comme Vimeo. (je parle de cette solution parce qu’une partie est gratuite). On va privilégier des solutions de type streaming pour avoir une visibilité maximale et réduire les problèmes techniques. Des solutions comme Wetransfert ou Dropbox sont des outils intéressants mais pas adapté dans ce process. L’idée est de proposer aux joueurs toute la séance vidéo en ligne ou en partie en début de semaine. La longueur du clip est un élément en prendre en compte afin de s’adresser au plus grand nombre de vos joueurs: une vidéo trop longue va faire que certains ne vont pas la regarder ou pas jusqu’à la fin. C’est pour cela qu’il est préférable de proposer des vidéos courtes de 2-3 min. Cela demandera à l’entraineur de faire des choix et un travail de synthèse sur le ou les thèmes qu’il souhaite traiter. On évitera de traiter plus de 2 thèmes dans ces vidéos. Cette vidéo pourra être projeté dans sa globalité ou ajouter d’autres clips en fin de semaine. L’intérêt de proposer ces vidéos en ligne en amont de la séance vidéo:
- Évacuer plus vite la partie “émotionnelle”: frustration, euphorie, déception…
- Pouvoir illustrer par des vidéos sur le ou les thèmes les plus importants
- Permettre à chaque joueur de pouvoir regarder la vidéo à son rythme, autant de fois qu’il le souhaite. c’est là qu’intervient l’autonomie du joueur devant la vidéo. On peut la schématiser en 3 parties:
- le joueur sait s’il a bien répondu ou pas à la situation.
- Pourquoi il a bien répondu ou pourquoi il n’a pas bien répondu à la situation.(quelles sont les informations prises ou pas)
- Que faire pour s’améliorer ?
Bien sûr que le 3ème niveau est plutôt du ressort de l’entraineur, mais l’éducation de nos joueurs doit les amener à s’interroger et prendre du recul par rapport à la vidéo: “être acteur et non pas que consommateur”
- Permettre un échange avec les joueurs soit lors des entrainements, soit lors de la séance vidéo en présentiel sur leur ressenti.
- Permettre peut-être des séances vidéos plus courtes
Bien sûr, cela va va demander plus de travail à l’entraineur pour:
- Choisir ces images: choix des vidéos avec des situations évidentes
- Pouvoir y mettre des messages, annotations , mot-clés car n’étant avec le joueur lorsque celui-ci regarde la vidéo, le message doit être clair: en titre le thème traité, focus grâce à des schémas…
L’analyse vidéo est un outil au même titre que la préparation physique . Il peut permettre des échanges plus facilement entre les joueurs, entre les joueurs et l’entraineur grâce au support vidéo. Il peut être une aide précieuse à la prise de conscience pour les entraineurs et pour les joueurs que ce soit au niveau des postures (chez les plus jeunes par exemple), attitudes, stratégie collectives …